Djeloune, ombre est lumière !

  • Post category:Interviews

Auteur, compositeur, beatmaker ou encore directeur artistique, Djeloune Ahmed Bedja a déjà tout d’un grand. Du haut de ses 24 ans, celui qui caresse le rêve de devenir avocat au Maroc a déjà collaboré avec les plus grands artistes de la place : Cheikh MC, Awax Victorious, Don-D, Titi LeFourbe, Bilwiz, … Talent précoce, celui qui a plongé dans un bain de sons depuis ses onze ans ne se fixe pas de limites, et écume, jour après jour, divers styles pour élargir sa palette. Nous sommes allés à la rencontre de l’homme de l’ombre. Celui que tous les artistes veulent se l’arracher pour leurs projets.

NEWZIKAL : Djeloune, quel a été votre premier contact avec la musique ?

DJELOUNE A. B. : Ma première composition remonte à mes onze ans. Je suis issus d’une famille de musiciens, donc ça s’est fait naturellement. Le déclic, une reprise d’une chanson d’Axel Tony.

NZKL : Quand avez-vous débuté dans le beatmaking ?

D.A.B : C’est à treize ans que j’ai réalisé ma première prod. Mais comme je l’ai souligné, j’ai débuté avec le chant. Même si chanter reste un bien grand mot. J’accompagne des artistes au studio. Je fais des toplines. J’écris des musiques. Je chante, mais ne sors pas des sons. En tant que beatmaker ou ingé son, il serait difficile de guider un artiste si on ne sait pas chanter soi-même. En d’autres termes, je peux endosser le rôle d’un directeur artistique, bien que cela dépende, d’une part, des artistes avec lesquelles je collabore, et d’autre part, de l’ambiance du studio.

NZKL : Comment ça se passe dans le cas d’une collaboration à distance ?

D.A.B : J’ai la chance d’avoir un home studio. En général, on m’écrit, on me demande une prod. Je m’exécute et j’envoie. Je propose des idées de topline ou de refrain si le besoin se présente. Et je reçois mon dû.

NZKL : Quand avez-vous commencé à placer vos prods ?

D.A.B : J’ai placé une prod pour la première fois pour le compte d’Amiral Yeiss, quand j’étais à l’île Maurice. Après, ça s’est fait de façon progressive. J’ai réellement commencé à placer des prods quand je suis parti au Maroc. Sinon avant, je faisais des prods et les écoutais dans mon coin. Non par manque de confiance, mais j’étais très jeune et surtout on ne me connaissait pas.

NZKL : Quel est votre univers de prédilection ?

D.A.B : Honnêtement, je touche un peu à tout. Sans prétention aucune. Mais cela je l’ai su beaucoup plus tard. Je ne me l’acceptais pas. Je ne maîtrise pas tout, mais j’essaie de me documenter sur tout ce qui se fait pour éviter les mauvaises surprises.

NZKL : Vous avez collaboré avec plusieurs artistes. De Cheikh MC à Awax Victorious en passant par Don-D, Sax, Titi LeFourbe, Bilwiz ou encore Youmka. Y’a-t-il un artiste en particulier qui vous a impressionné ?

D.A.B : Sax et Awax Victorious m’ont réellement impressionné au studio. Chacun dans son registre évidemment. Je trouve que ce sont des artistes très complets. Pour Awax, c’est un artiste que j’ai beaucoup consommé. Et lors de notre première séance studio chez moi, j’étais émerveillé. Ça a juste illustré le talent que je lui connaissais déjà. Ma première expérience studio avec un grand artiste, je la lui dois. Pour Sax, je n’ai jamais autant appris d’un artiste qu’avec lui. C’est un génie. Il sent la musique.

NZKL : Y’a-t-il un artiste en particulier avec lequel vous aimeriez collaborer ?

D.A.B : Oui. J’aimerais bien composer ou écrire avec Dadiposlim.

NZKL : Est-ce que vous vivez de votre art ?

D.A.B : Je ne peux dire que je vis de la musique. Dans le sens où les revenus liés à la musique ne sont pas assez conséquents mais surtout, pas réguliers. Je touche de l’argent, de temps en temps. Mais globalement, je vis de l’argent de mes parents. (Rires)

NZKL : Comment avez-vous pris votre non-nomination aux Comores Music Awards ?

D.A.B : Sur le moment, je ne l’ai pas mal pris. Après réflexion, je me suis dit que j’avais peut-être ma place. Mais quand j’ai regardé la liste des nominés, je me suis dit qu’il fallait que je travaille et que j’attende mon heure. Les nominés l’ont tous mérité.

NZKL : Comment avez-vous vécu la polémique autour du projet de Sax ?

D.A.B : Je ne l’ai pas mal vécu. Ça reste un jeu. Et puis, le plus important était de protéger Sax qui était le plus concerné. Il est également le plus jeune de l’équipe donc on se devait de le protéger.

NZKL : Il y a pas mal de sample dans le projet Weu. Comment avez-vous travaillé cela ?

D.A.B : En effet, il y a beaucoup de sampling. Nous avons samplé Fathi et Maalesh. Sur le titre Ndjaona, je me suis permis un mariage ampaiano-twarab. Cela est dû au fait que je suis passionné de twarab, et Sax également. On se devait donc d’apporter cette petite touche locale.

NZKL : Malgré tout, le sample reste un exercice assez récurent dans vos prods. Vous n’hésitez pas à mélanger la modernité et l’originalité comorienne. Quel message derrière cette démarche ?

D.A.B : J’ai été biberonné à la musique comorienne donc dès mes débuts, je l’ai toujours samplé. Généralement, l’idée vient de moi. Mais cela n’empêche que certains artistes peuvent me demander de leur sampler un morceau. Nous avons une très grande richesse musicale, et ce serait dommage de ne pas l’exploiter et la laisser aux oubliettes.

NZKL : Que peut-on attendre de vous pour la suite ?

D.A.B : Beaucoup de projets à venir. Je travaille notamment sur un projet en commun avec mon petit frère, Djawad. L’idée d’un album en commun avec Awax Victorious est également sur la table. Donc, je pense que 2024-2025 peut être très riche.